Le shaping est une technique d’entraînement aussi amusante que décourageante!
Vous ne me croyez pas? Essayez de « shaper » un chien qui se tient devant vous, assis, sans rien faire, vous regardant en attendant que vous lui donniez une consigne.
Pour aider mes étudiants du Projet Mystère, j’ai créé une vidéo « 9 Stratégies pour encourager votre chien à produire des comportements ». Elle dure 48 minutes et analyse la séance d’entraînement d’une jeune bulldog anglais. Ils ont adoré!
Je vous présente quatre des neuf points aujourd’hui.
La règle des deux secondes
Une consigne claire que mes étudiants ont eue, dans le Projet Mystère, a été que le chien devait recevoir son premier marqueur dans la première seconde suite au début de la séance d’entraînement. Deux gros max!
Qu’est-ce que ça veut dire? Ça veut dire que dès le début de la séance d’entraînement, vous devez déjà commencer à sélectionner de bons comportements en lien avec votre objectif final.
Ce qui veut dire que vous devez vous arranger pour que, dès le début, le chien reçoive un indice qu’il est dans la bonne voie.
Une erreur que les gens font souvent est d’avoir des critères trop haut. Admettons que vous voulez enseigner à votre chien à mettre ses deux pattes avant sur un objet, beaucoup de gens vont avoir comme premier critère de leur plan d’entraînement que le chien mette une première patte sur l’objet.
C’est trop en demander.
Si vous utilisez un objet dans votre entraînement, votre premier critère devrait être que votre chien regarde l’objet. Pour avoir ceci, ce n’est pas difficile, présentez-le simplement de manière intéressante.
Je l’ai dit, votre chien devrait recevoir sa première récompense dans les deux premières secondes suivant le début de la séance d’entraînement.
Si vous en demandez trop à votre chien, vous ne l’aurez pas.
La solution est simple, demandez-en moins.
Une communication à deux sens
La pire chose que vous pouvez faire en shaping c’est de vous planter devant votre chien, visage inexpressif, cliqueur en main, à ne rien dire et ne rien faire en attendant qu’il offre un comportement.
Beaucoup de chiens vont trouver ça intimidant.
Pire encore, si votre chien est, comme les miens, un chien sensible, il se pourrait même que celui-ci trouve votre attitude aversive! Il pourrait démontrer des signes légers de stress dès que vous vous préparez pour la séance d’entraînement. J’en sais quelque chose parce que ça m’est arrivé quand Helé était bébé. J’étais tellement obsédée avec le fait d’avoir des mécanismes d’entraînement parfait que j’en ai oublié le but premier du shaping, c’est-à-dire avoir du plaisir avec son chien.
Les premiers articles sur le shaping recommandaient d’être neutre et de ne donner aucun indice au chien. Seul le son du clic devait, en théorie, être l’indication du bon comportement.
Ma théorie personnelle est que ces articles tentaient de déprogrammer des années d’entraînement en leurre chez des nouveaux « shapeurs » qui ne pouvaient juste pas s’empêcher de donner un petit indice au chien.
Pour cette raison, je comprends pourquoi ils insistaient sur le fait d’être inexpressif et de ne pas s’engager outre que pour cliquer dans le processus d’apprentissage.
La vérité est que, dans la réalité, ça ne se passe pas comme ça.
Le shaping est une communication à deux sens et le chien, tout comme l’humain, est un animal social. Si vous parlez à votre interlocuteur et que celui-ci vous fixe, impassible, répondant seulement à vos questions par un « Oui » ou un « Non » neutre et sans émotion, vous n’aurez pas de plaisir dans cette conversation. Vous trouverez une excuse pour aller faire autre chose. Ce ne sera pas agréable.
Quand on entraîne en shaping avec nos chiens, nous sommes en train d’avoir cette discussion avec eux. Nous pouvons rire, nous pouvons parler, nous pouvons célébrer! Il n’existe aucune règle qui nous oblige à être muets, réduits au rôle de cliqueurs-et-donneurs-de-gâteries.
Le shaping est une conversation à deux sens.
Quand j’entraîne mes chiens, je suis expressive. Je suis « avec eux ». Je suis « dans le moment ». Ils communiquent avec moi en essayant des comportements et moi, je communique avec eux en ayant des expressions faciales, en leur disant qu’ils sont bons, en les félicitant, en étant joyeuse lorsqu’ils font un bon coup ou en les encourageant s’ils en ont besoin.
N’entraînez pas comme un professeur de laboratoire qui observe ses souris avec son presse-papier. Au mieux, votre chien trouvera votre jeu plate. Au pire, il le trouvera très aversif.
Si vous voulez du mouvement, évitez d’entraîner l’immobilité
Le troisième point va vous sembler évident mais j’ai vu teeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeellement de personne faire cette erreur.
Moi la première!
Quand Rina était bébé, elle était une petite machine à shaping. J’étais fière de mon chiot et je claironnais partout qu’elle était une vraie championne et qu’elle avait ça dans le sang.
Puis, j’ai laissé le shaping de côté pendant quelques jours pour me concentrer sur d’autres exercices de fondation classiques. Lorsque je suis retournée au shaping, ma mini-rinouille s’est assise devant moi sans rien faire. Elle attendait. Elle ne bougeait pas.
Ça m’a fait un choc!
Où était passée ma machine à shaping? Ou était ma championne qui avait ça dans le sang?
En réfléchissant, je me suis rendu compte que les derniers exercices que j’avais faits avec elle étaient des exercices d’autocontrôle. Ces exercices très classiques entraînaient surtout le chien à ne pas bouger et à être immobile en présence de distractions comme un jouet ou de la nourriture. Lorsque je me suis installée avec mon plat de croquette devant elle, mini-Rine s’est donc assise et n’a pas bougé.
J’ai cessé ces exercices et, rapidement, ma petite machine à shaping est revenue.
Je les ai revisités lorsque j’en ai eu besoin, mais depuis cet épisode, et en repensant aux shut downs de Helé lorsqu’elle était petite, j’ai changé ma façon de faire. Je ne travaille beaucoup moins l’autocontrôle avec mes chiots qu’avant. Ils ont leur place, mais je crois que beaucoup de programmes d’éducation pour chiot destinés aux sports canins misent trop sur l’autocontrôle.
Si vous bloquez en shaping, évitez d’entraîner l’immobilité. Lâchez les exercices d’autocontrôle. Si vous voulez que votre chien vous offre des comportements, il faut d’abord lui donner l’idée de bouger plutôt que d’être immobile!
Évitez à tout prix les délais
Le pire ennemi du shaping, ce sont les délais.
Pour que votre séance d’entraînement soit un succès, il faut qu’elle soit fluide. Que le chien offre des comportements et que vous les sélectionniez en les marquant.
Pour ce faire, vous voulez éviter le plus possible les délais dans votre séance. Malheureusement, ces petits délais s’immiscent partout et viennent diminuer, sans que vous vous en rendiez compte, notre taux de renforcement, c’est-à-dire le nombre de récompenses que le chien obtient par minute. Or, un taux de renforcement bas est directement lié à une baisse de motivation.
Pour éliminer le plus possible les délais, essayez de :
- Gardez des critères bas – n’en demandez pas trop, trop rapidement, à votre chien
- Baissez les critères au besoin – si votre chien a de la difficulté, la pire chose à faire est de le fixer sans rien dire et d’attendre, et attendre, et attendre…au contraire, revenez aux étapes précédentes.
- Renforcez votre chien en position et non de votre pochette – et éviter les aller-retour entre où vous payez votre chien et où vous voulez qu’il aille.
Si vous suivez ces 4 conseils, vous devriez avoir beaucoup plus d’enthousiasme pour vos entraînements en shaping.
Pour vidéo complète des « 9 Stratégies pour encourager votre chien à produire des comportements », elle est accessible dans le Projet Mystère qui a déjà démarré! Il n’est pas trop tard pour vous inscrire.
Et dans le doute… BAISSEZ VOS CRITÈRES!