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Lorsque Rina s’était mise à faire des demandes incessantes pour sortir à l’extérieur dans la journée, j’avais initialement pensé qu’elle voulait simplement aller dehors pour regarder passer le temps. Puisque je n’ai aucun problème avec ça, je l’ai sorti à chaque fois qu’elle le demandait. Au fil du temps, je me suis rendu compte qu’elle le faisait, car elle luttait contre le sommeil. Malheureusement, le fait qu’elle ne se reposait pas lorsqu’elle en avait besoin la rendait irritable avec mes autres chiens et plus prompte à réagir lorsqu’elle entendait des bruits à l’extérieur. 

 

J’ai donc décidé d’arrêter de renforcer les demandes pour sortir dehors. 

 

J’ai utilisé l’extinction. 

 

Nous nous étions laissé, dans le dernier article de cette série, sur comment prévenir pour que votre chien ne fasse le comportement dérangeant. Dans le cas de Rina, j’ai utilisé l’augmentation de l’activité physique et mentale et tenté de lui donner quelque chose à faire, qui aide à la relaxation, aux moments où je la savais plus propice à sonner les cloches pour aller dehors. 

 

Prévenir le comportement et augmenter l’activité ont aidé Rina à produire de moins en moins ses demandes de sortie excessives. Celles-ci ont diminué de beaucoup. Par contre, ça ne les a pas éliminées entièrement. 

 

Vient le moment où, peu importe à quel point j’aurais voulu prévenir le comportement, elle allait vouloir aller dehors. 

 

Si vous êtes dans un protocole d’extinction de demande d’attention excessive, éviter le comportera sera nécessaire. On ne peut pas s’en passer.  Par contre, votre chien va éventuellement produire le comportement indésiré. Et vous devez savoir comment réagir. 

 

Quelles sont les tactiques afin de le faire efficace et, comme nous avons dit souvent, jusqu’au bout? 

 

En passant si vous lisez cet article et n’avez pas lu les autres de la série, je pense qu’il vous manquera des éléments d’informations. Vous devriez commencer avec le premier. 

 

 

1. Utiliser le retrait… intelligemment!

La première tactique est le retrait. 

 

Attention par contre, il y a une manière de le faire! 

 

Certains comportements sont devenus tellement résistants à l’extinction qu’il n’est pas humainement possible de l’ignorer. À moins d’être un ange de la patience. 

 

J’en connais des gens comme ça. On dirait que rien ne les dérange. Je les admire beaucoup. 

 

Je ne suis pas comme ça. 

 

En fait, je ne suis vraiment pas patiente. 

 

C’est peut-être pour cette raison que je n’ai jamais aimé la recommandation de simplement ignorer le chien. C’est bien beau sur le papier, mais dans les faits, c’est dur en titi. La preuve, je viens d’écrire une série de 5 articles sur le sujet 🤣. Blagues à part, comment peut-on demander à quelqu’un d’ignorer un chien qui aboie dans ses oreilles pendant des heures ou qui mord ses mains jusqu’à ce que la personne saigne? Non, ce n’est pas faisable. Surtout que, soyons réaliste, avec ce type de chien, il est possible qu’absolument TOUT soit devenu un renforcement secondaire. 

 

Si en théorie, n’importe quel comportement peut être éteint, je pense qu’il faut avoir des attentes réalistes tant envers soi-même qu’envers nos clients si vous êtes entraîneurs canins! 

 

Même si vous êtes un ange de patience, les gens ne le sont pas nécessairement. Et prendre en considération les capacités des humains, c’est aussi important de prendre en considération celles des chiens. 

 

Bref, je digresse. 

 

Si vous êtes rendu à devoir faire cesser un comportement aussi puissant et aussi résistant, je ne vous conseille pas d’utiliser simplement l’extinction. Un petit peu de retrait de renforcement pourrait être de mise aussi! Si votre chien vous demande de l’attention de manière inappropriée, de manière totalement neutre, faites juste vous en aller. Non seulement ce sera moins irritant pour vous, mais votre chien comprendra rapidement que ça lui amène l’inverse de ce qu’il tente d’avoir. Faites juste vous lever dès l’apparition des comportements et vous en allez! Rappelons-nous que rendu à ce point, tout peut être rendu un renforcement secondaire, comme le fait de remuer sur votre chaise. On se lève, on s’en va et, point bonus, on ferme la porte. Encore mieux, allez dehors prendre l’air. 

 

Si partir n’est pas possible, tentez de trouver une autre solution. Par exemple, s’il s’agit d’une famille installée avec les enfants en bas âge dans le salon, c’est dur de leur dire de sortir. Serait-il possible d’isoler le chien? J’ai deux problèmes avec cette tactique. Le premier est qu’il est facile pour l’humain d’exprimer son mécontentement alors qu’il isole son chien. On entre alors dans la punition (émotion négative) et non dans le retrait de renforcement (émotion neutre). La deuxième est que le chien peut interpréter ceci comme un renforcement secondaire. Et qu’arrivera-t-il si le fait d’être retiré engage le sommet d’extinction ? Ceci dit, dans certains cas, on n’as pas le choix. Ça vaut la peine de l’essayer. Restez prudent par contre.   

 

J’ai déjà vu de long débat éthique sur si le retrait n’occasionnait pas du stress à l’animal. Bien entendu. On ne prétendra pas le contraire. Mais je ne pense pas qu’un chien subisse moins de stress à chigner pendant trois heures de temps en espérant recevoir une goutte d’attention parce que le comportement est devenu trop résistant. Et que dire du niveau de stress de ses humains…

2. Réagir instantanément

Ce conseil va sembler idiot, mais c’est celui que j’ai appliqué avec tous mes chiots. 

 

Un chiot, nous l’avons dit, est très résistant à l’extinction. S’il pleure, il va pleurer vraiment longtemps avant de comprendre que ça ne fonctionne pas. Il est programmé pour persister, car, dans la nature, sa survie en dépend. 

 

Si vous avez un très jeune chiot et que vous tentez de l’ignorer, car il pleure le matin, vous allez devoir l’ignorer vraiment longtemps avant qu’il abandonne. Sauf que, pendant ce temps-là, vous allez faire semblant de dormir pendant que votre niveau de stress et d’irritation monte et monte et monte et monte et monte et que votre chiot pleure et pleure et pleure. Ayant peur que vos voisins se tannent d’entendre votre chien crier, il est garanti à 98% que vous allez finir par capituler. Bonjour la résistance à l’extinction! 

 

Quelle est la solution alors? Réagir tout de suite. Oui, on renforce le comportement, mais au moins vous ne bâtissez aucune résistance à l’extinction et n’engagez aucun sommet d’extinction. Lorsque votre chiot sera plus vieux, vous pourrez alors corriger le problème. Rappelons aussi que les chiots (comme les chiens d’ailleurs), ne sont pas capables de manipulation. Un bébé chien tout neuf ne sait pas encore comment communiquer avec vous. S’il vous appelle, c’est qu’il a besoin de vous. Il n’y a donc aucun problème à aller le voir s’il pleure. 

 

Réagir instantanément est aussi une bonne technique si vous n’êtes pas dans le bon état d’esprit pour ignorer complètement votre chien. Si vous avez eu une grosse journée au bureau, que vous êtes fatigués, que vous êtes impatients ou que vous n’êtes juste pas « dedans », je vous conseille de réagir tout de suite si votre chien fait une demande d’attention plutôt que de tenter de l’ignorer et d’échouer.  

 

Pour résumer, ça ne réglera pas votre problème de demande d’attention excessive à long terme, mais ça va éviter que le problème ne devienne plus grave à cause de la résistance d’extinction et du sommet d’extinction. 

3. Trouvez des manières d’ignorer plus facilement

Le dernier conseil, celui que vous attendiez le plus. Comment ignorer son chien jusqu’au bout de la bonne façon. Des fois, malgré tous nos efforts pour enrichir la vie de notre chien, pour prévenir le comportement, pour fournir un comportement alternatif plus facile à vivre, etc. il va falloir utiliser une bonne dose d’extinction. C’est-à-dire ne plus renforcer le comportement. Donc, ignorer notre chien. 

 

Si pour ignorer, il faut ignorer jusqu’au bout, par contre, on peut se donner un coup de main. Et c’est ce que j’ai fait avec Rina. 

 

Je l’ai laissé sonné jusqu’à ce qu’elle se tanne. 

 

Je l’ai dit plusieurs fois, ignorer un chien qui nous mordille ou qui aboie est excessivement difficile. C’est encore pire si vous avez des voisins. Les chances de capituler ou de réagir sont vraiment grandes. Et les conséquences le seront encore plus. 

 

Il est donc nécessaire de se donner des moyens pour être capable de le faire jusqu’au bout, de se mettre dans une position où il est facile de résister. 

 

Quand je vais en cours ou en compétition, j’installe toujours mes chiens dans un endroit tranquille où je sais qu’ils pourront se reposer. Je m’assure aussi qu’ils ont tout ce dont ils ont besoin. Ça, c’est la partie prévention. Puis, une fois que c’est fait, je m’éloigne tout simplement. Mes chiens sont bien dans leur cage. Ils ne sont ni stressés, ni nerveux. Ils ont juste hâte. Mais ils sont tranquilles. De un parce que j’ai favorisé les conditions pour le calme, mais aussi parce qu’ils n’ont jamais été renforcés pour avoir aboyé. Lorsqu’ils étaient petits et qu’ils ont jappé un peu, puisque j’étais plus loin, c’était plus facile pour moi de les ignorer. Je le répète, il ne s’agissait pas de détresse, n’ont pas de problème d’isolement, de cage ou de séparation.  

 

C’est la même chose pour vous. Il sera beaucoup plus facile pour vous de ne pas être irrité par les demandes d’attention si vous êtes plus loin. Que se passait-il si, au contraire, vous restiez proche et tentiez de rassurer votre chien, de lui parler doucement ou de lui dire d’être tranquille chaque fois que votre chien jappe, il jappera encore plus. 

 

Une autre solution pour éviter que vous explosiez d’irritation dans la maison serait de mettre de la musique avec des écouteurs. Lorsque mon chat faisait du bruit dans la nuit dans le but que je me lève, je mettais des bouchons avant de me coucher. Il était alors excessivement facile de l’ignorer, peu importe combien de sacs de plastique craquants il grattait avec les pattes. Lorsque ce même chat (c’était un petit maudit! 🐱❤️) a découvert que s’il plantait ses griffes dans la plante de mes pieds, qu’il obtenait une réaction automatique (outch!) je dois vous avouer que ma réaction initiale a été plutôt négative… Malheureusement, ces réactions, en plus de ne pas être géniales, ne faisaient que renforcer le comportement. Il m’était également impossible d’ignorer un chat qui s’acharnait à transformer la délicate plante de mes pieds en passoire. Ma solution? J’ai acheté la paire de bas de laine la plus épaisse que j’ai trouvé, même si nous étions en plein été et j’ai dormi avec ces chaussettes. Peu importe à quel point Néron tentait de me faire réagir, mes bas, bien que trop chauds pour la température estivale, me permettaient de l’ignorer même si je bouillais en dedans. Il a fini par abandonner après 3 fois! 

 

Si vous avez des voisins, prévenez-les. Vous pouvez sans problème glisser un petit mot dans leur boîte aux lettres disant que vous entraînez votre chien à arrêter d’aboyer et que vous vous excusez d’avance des dérangements, que ce n’est que temporaire. Ceci vous amènera une certaine paix d’esprit et vous permettra de tenir le coup. 

 

Peu importe ce qui se passe, demandez-vous ce que vous pourriez faire pour rendre le comportement de votre chien plus facile à endurer afin de l’ignorer jusqu’au bout. Souvent, la solution est facile. On n’y avait juste pas pensé!

 

Dans le cas de Rina, j’ai tout simplement mis de la musique avec des écouteurs. 

 

Problème. Réglé.